Approches de la méditation, Arnaud DESJARDINS, éditions de la Table Ronde, 1989 (extraits)

"Le premier but, c’est d’établir cette immobilité et ce silence, et d’abord au niveau du corps physique.

S’inspirer de l’image d’une eau immobile.

 

L’important, c’est de bien sentir la solidité à la base et la flexibilité à partir du niveau de la ceinture.

Si possible, le genoux touchent le sol, sinon n’hésitez pas à utiliser des appuis que vous poserez sous les genoux. Tenez compte, chacun, de vos possibilités actuelles.

 

La base de toute posture, qu’elle soit yoguique, hindoue, tibétaine, zen, est une certaine bascule du bassin qui dégage l’anus. Vous vous asseyez vers l’avant, vers les organes génitaux, et vous libérez l’anus, ce qui détermine une certaine cambrure. Les Japonais s’expriment poétiquement : « L’anus contemple le soleil ». Le maître zen Deshimaru disait crûment : « Péter vers le ciel ». Il est souhaitable que cette cambrure s’effectue le plus bas possible.

 

L’assise, être « dans son assiette », bien installé, bien établi, est fondamentale.

 

Revenez à l’immobilité. Prenez conscience de l’axe vertical, la colonne vertébrale. Cet axe se situe à l’arrière de nous-mêmes. C’est une réalité du corps physique. La sensation du dos est importante, non seulement en méditation mais peu à peu, dans le courant de l’existence.

 

Placez la nuque, rentrez un peu le menton. Dans les débuts, forcez même peut-être ce redressement de la nuque.

 

Dans le zen, le maître demande, poussez avec le sol avec les genoux, poussez le ciel avec la tête.

 

Sentez ce redressement, cette fermeté de la nuque en rentrant le menton – surtout pas la tête en avant ni la tête levée vers le ciel – et à partir de cette poussée vers le haut, vous laissez tomber les épaules et vous laissez descendre votre centre de gravité vers la bas-ventre.

 

Si vous acceptez les imperfections actuelles de votre posture (qui vont se corriger peu à peu), si vous voyez combien vite les reins s’affaissent ou les épaules se crispent ou le placement de la nuque se défait, vous prenez aussi conscience de certaines imperfections émotionnelles, fondamentales de votre attitude générale dans l’existence : un manque de stabilité et de confiance en soi, une crispation dans le haut de la poitrine liée à la vanité et à la peur, le besoin de bouger, à la fois physique et mental, de celui dont on dit qu’il ne tient pas en place. Les imperfections de la posture ont leur valeur pour permettre de mieux faire connaissance psychologiquement avec vous-même. Et dans cette immobilité, vous pouvez faire des découvertes précieuses.

 

Et plus subtilement encore, grandira une perception totale de vous-même avec cet axe du dos si important dans les traditions ascétiques et mystiques ; La libre communication entre le ventre, les organes génitaux et le cœur et, faisant le lien entre les deux niveaux, le diaphragme.

 

Les imperfections inévitables de la posture, au moins pendant les premiers temps de la pratique, doivent être acceptées comme un enseignement concernant votre attitude fondamentale dans l’existence, acceptées avec un réel désir de vérité, de connaissance de soi, sans interprétation du mental, sans regret.

 

Ne commencez jamais une méditation, quels qu’en soient les points d’appui physiques, sans le sens très vif du sacré."